Réhabilitation annoncée des Archives nationales : une mémoire d’État à reconstruire

L’édifice abritant les Archives nationales du Gabon, aujourd’hui dans un état de délabrement avancé, sera bientôt rasé pour laisser place à une structure moderne. L’annonce a été faite par le Vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, lors d’une session parlementaire tenue le 27 juin.
Installée depuis plus de quarante ans à Batterie IV, sur le front de mer de Libreville, la direction générale des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale et de la Documentation gabonaise (DGABD) fait aujourd’hui peine à voir. Le bâtiment, érigé en 1980, est fragilisé par le temps, mal entretenu, et exposé à un environnement marin corrosif. À l’intérieur comme à l’extérieur, tout indique l’abandon progressif d’un pan entier de la mémoire nationale. Une situation que le gouvernement entend désormais corriger
Démolition et relocalisation temporaire
À l’occasion de la plénière à l’Assemblée nationale, le Vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, répondant à une question du député Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, a annoncé que l’immeuble actuel sera entièrement démoli. Un nouveau siège, mieux adapté aux standards modernes de conservation et de numérisation, sera construit sur le même site. En attendant, les services de la DGABD seront transférés vers un lieu provisoire, plus sécurisé et fonctionnel.
Dans son intervention, Alexandre Barro Chambrier a insisté sur la portée symbolique et stratégique de cette réforme, rappelant que les archives ne sont pas de simples documents empilés dans des rayonnages, mais le socle de la mémoire nationale. « Les Archives nationales, loin d’être un simple entrepôt de documents, constituent le cœur battant de notre histoire administrative et politique, culturelle et sociale. Elles sont les garantes de la traçabilité de l’action publique, de la transparence de l’État, et du droit fondamental de chaque citoyen… »
Créée en 1969 pour éviter la perte et la dispersion des archives publiques, la direction générale avait jusqu’ici survécu grâce à des ajustements ponctuels. Pour le gouvernement, cette époque est révolue. Place à des choix structurants, portés au plus haut niveau de l’État.
Le chef de l’État lui-même a demandé au Secrétaire général du gouvernement de piloter activement le projet de reconstruction, signe de l’importance politique désormais accordée au sujet. « Il est temps de rompre avec la logique des mesures transitoires », a souligné Alexandre Barro Chambrier, en appelant à des décisions fermes, avec des moyens financiers adaptés et un calendrier réaliste.
Une institution modernisée et redéployée
Le projet de réhabilitation s’accompagne d’un repositionnement institutionnel. La DGABD deviendra un établissement public à caractère commercial, avec des ressources budgétaires inscrites dans la loi de finances. Des délégations provinciales sont également prévues pour rapprocher l’archivage public des administrations locales, tandis qu’une obligation sera faite à chaque ministère d’assurer le versement régulier de ses archives.
Derrière ces annonces, c’est tout un rapport à la mémoire collective que le gouvernement souhaite réhabiliter. Car sans archives, pas d’histoire fiable ; sans histoire, pas d’État fort. « Il n’y a pas de République sans archives, d’État sans mémoire », a déclaré le vice-président du gouvernement, dans un plaidoyer clair contre la négligence accumulée au fil des décennies.
Le chantier est ambitieux. Reste à savoir si cette volonté affichée résistera à l’épreuve du temps et des budgets. Car reconstruire une mémoire nationale exige bien plus que du béton : cela demande de la volonté politique, de la méthode et une conscience aigüe de ce que signifie préserver l’histoire d’un pays.